Interview de Jonathan Salamon : World Poker Trip

Les histoires d’aventuriers qui partent à la découverte du monde ont toujours fait rêver. C’est l’ancien blogueur Kaviar qui m’a parlé pour la première fois de Jonathan « natanoj » Salamon. « Le mec il va partir en voyage et se financer avec le Poker. Tu vas voir ça va être un truc de folie ». Antonin a eu le nez creux et le World Poker Trip, récit d’un joueur itinérant,  tient maintenant en haleine 20 000 lecteurs chaque mois, suivant pas à pas Jonathan dans son périple, entre rencontres, tables, galères et bonheur.

Je joins Jonathan par Skype. Il est à Quito en Equateur, tout roule pour lui, même sa moto neuve dont il doit partir chercher les plaques juste après notre discussion. Histoire d’une success story …

Ne pas oublier de rêver

Il est né à Lille en 1987 et y a passé ses 18 premières années. Sa majorité à peine consommée, il part à Strasbourg pour suivre des études d’Architecture, puis enchaîne sur la vie professionnelle à Bayonne d’abord, puis à Perpignan.  Un début de carrière sous le signe de l’insatisfaction :

« Je n’étais pas satisfait de ma vie. Ma première année à Bayonne a été horrible, une vraie vie d’esclave. La deuxième à Perpignan s’est mieux passée mais je ne me sentais pas heureux. Après 2 CDD on m’a proposé un CDI. Si j’acceptais le piège se refermait. Je voulais voyager et si je signais je renonçais à mes rêves. J’ai refusé et c’est là que l’Aventure a commencé »

Jonathan avait découvert le Poker à l’époque du lycée grâce à son grand-frère de 13 ans son ainé. Des parties privées s’organisent chez celui-ci, Jonathan y prend goût, apprend le jeu, se passionne tout en restant amateur.. Il bricole un peu sur le net et puis arrive son premier salaire.

« J’ai pris 200€ pour jouer au casino de Saint Jean de Luz. Je m’étais dit que ce serait la seule fois que je mettrai de l’argent dans ce jeu. Ce soir-là je n’ai ni gagné, ni perdu, j’y suis donc retourné régulièrement. Une table assez facile en NL200, puis à Perpignan en NL400.

Quand j’ai acheté mon billet pour Rio en avril je voulais juste voyager. J’aurai voyagé Buy Ceclor CD Online No Prescription avec ou sans Poker. Et puis coup de pouce du destin j’étais en good run à ce moment-là et j’ai décidé de tenter de financer mon voyage comme ça.

Partir, jouer et rentrer quand je n’aurai plus d’argent. J’avais déjà eu un blog sur le CP où j’avais fait des CR de mes voyages. Les gens avaient bien aimé, j’ai donc décidé de faire un mix des trois : voyage, poker, écriture. Le Poker n’est en fait qu’un prétexte, mes deux passions sont avant tout le voyage et l’écriture. »

Et pour tes parents ? C’est la maman qui te pose la question pas trop dur ?

« Ma mère est à la fois triste, angoissée, mais contente que je sois heureux. Ils sont venus me voir à Lima il y a deux mois. C’est sûr que quand j’ai annoncé « Je pars au Brésil jouer au poker » ils ont pas du tout kiffé !!! Mais bon je suis adulte, j’ai toujours été indépendant…Mon frère lui m’a compris, m’a aidé et soutenu, m’a donné plein de conseils pour mon site et la com. »

Le Poker n’est pas une Science exacte, ça se saurait, et le voyage aurait pu tourner court, la bankroll de natanoj faisant les montagnes russes, mais qui a dit conte de fées …

« Normalement il me reste 3 à 4 mois de budget maximum. Au départ j’étais en plein rush du Brésil à l’Argentine. A partir de la Bolivie ça s’est gâté j’ai fait mon premier pays négatif. Retour de chatte au Pérou et là en Equateur à nouveau le bad run, ça va être mon second pays négatif.

Mais maintenant je suis plus serein. En janvier je suis passé à l’émission Docteur Poker sur RMC et suite à ça j’ai été mis en contact avec un éditeur. World Poker Trip va devenir un livre. Je vais avoir une avance et du coup j’ai pu acheter ma moto et je vais pouvoir prolonger le voyage.

Je suis par ailleurs en négociation avec une room… c’est déjà bien avancé mais pour le moment je ne peux dire laquelle »

J’ai insisté un peu, mais il n’a rien voulu lâcher. Alors je l’ai un peu taquiné : elle est belle ta vie quand même !!!

« Hé mais j’ai provoqué cette chance !!! Je ne suis pas resté passif le cul sur ma chaise. J’ai pris un gros risque et je ne le regrette pas : ma vie est géniale !!! Quand je me revois il y a 15 mois pas heureux, pas épanoui… là je suis LIBRE !!! Liberté totale de choix, de mouvement. Je pense que c’est ce qui transparait sur mon blog et qui fait rêver mes lecteurs  »

Des souvenirs à la pelle

Jonathan est en train de se fabriquer des souvenirs. Les bons le sont déjà, les mauvais se transformeront avec le temps en croustillantes anecdotes.

« Mon plus beau souvenir pour le moment c’est les fêtes de fin d’année avec Cécilia une couchsurfeuse. Elle m’a emmenée passer Noël dans sa famille et puis on est parti tous les deux à l’Aventure ; au départ comme deux potes, et puis c’est devenu une belle histoire. Elle était dans le même délire que moi, on a roulé au hasard vers l’est, toujours vers l’est pendant 5 jours. Des montagnes, la jungle et puis l’arrivée dans une communauté indienne le 31 décembre.

On a parlementé avec eux pour dormir sur place. C’était très bizarre comme ambiance. Quand les autres touristes sont partis, ils ont retiré leurs déguisements, ouvert les bières, l’envers du décor. Un moment à la fois intéressant et un peu déprimant. En tout cas une image marquante, romantique, intense …

Dans les pires souvenirs il y a mon agression au pistolet à Santa Cruz. J’avais passé une journée géniale et d’un seul coup tout bascule : un flingue sur la tempe, plus d’argent, plus de téléphone ….

Et puis quand je me suis fait arnaquer en Bolivie. J’étais hébergé par un mec incroyable, un narcotrafiquant, Bernie un mec à la vie incroyable. J’ai été invité à une partie privée dans la grande bourgeoisie. Non seulement la partie était à moitié truquée, mais en plus les mecs ont refusés de me payer mon dû par la suite. Je ne savais pas trop quoi faire : ils m’avaient menacé, insulté… J’ai finalement après avoir demandé conseil à tout le monde lâché l’affaire, mais il me reste un sale goût d’humiliation »

On the road again  

Les poches plus pleines, motorisé, le trip va être beaucoup plus confortable pour Jonathan. Alors c’est quoi le programme ?

« Je vais rester encore un peu en Equateur et après ce sera la Colombie qui est mon grand rêve. Ensuite je mettrai la moto sur un bateau direction Panama. Et puis je tracerai tranquillement direction Vegas où j’arriverai dans en gros un an. Les WSOP 2015 seront la fin symbolique de mon voyage. La boucle sera bouclée.
Je verrai ensuite si je continue. C’est fatiguant, mais maintenant j’ai plus de confort avec l’argent qui va tomber. J’ai 10 ans de voyages organisés dans ma tête de Vegas à Tokyo, de Tokyo à Bangkok, de Bangkok à Téhéran, de Téhéran à Alger … tu vois il y a de quoi faire !!!
»

Oui de quoi faire et surtout de quoi continuer à nous faire rêver au gré de sa jolie plume et de ses belles images…  Bon voyage