Interview de Victor Saumont : Un Petit Tour en Tapis Volant

Interview de Victor Saumont : Un Petit Tour en Tapis Volant
Sortie de Nosebleed aujourd’hui le dernier film de Victor Saumont : rencontre avec Tapis volant

Les fans de Tapis Volant sont aux taquets sur Facebook : à quand le nouveau film de l’œil d’or du Poker français ? Hé bien la sortie de : « Nosebleed » c’est pour aujourd’hui, l’occasion pour moi de rencontrer Victor Saumont et de vous narrer par le menu son parcours, lui qui navigue à PokerLand depuis quelques années, stylo puis caméra en main.

Captain

L’Enfance de Tapis Volant : Du Sport au Cinoche

Victor est né à Poitiers en 1982. Ses parents en bons soixante-huitards ont choisi de faire un retour à la terre et son papa est donc agriculteur et sa maman secrétaire de mairie. Un grand frère, une petite sœur et une enfance rurale donc dans le Limousin à 70 bornes de la première grande ville.

Poney

« J’étais un gamin plutôt sage, solitaire, bon élève et passionné de Sport. J’ai fait du tennis, du judo et un peu de foot, mais quand j’ai compris que je ne pourrai jamais atteindre un haut niveau, j’ai décidé de devenir journaliste sportif. J’ai même tenté de faire mon stage de 3e à l’Equipe, sans succès et envoyé des articles à Tennis magazine. »

gagné

Et puis peu après il découvre sa vraie vocation :

« Deux films m’ont donné envie de devenir réalisateur : Pulp Fiction et Arizona Dream. Je me suis dit : wow y a un mec derrière ces films et c’est pour ça que tu ressens des trucs face à ces images !!! »
J’ai demandé à mes parents d’aller au lycée en internat pour pouvoir aller au Cinéma plus régulièrement. »

pouce

Quelques mètres de pellicule plus loin et un Bac L en poche Victor monte à la Capitale pour passer un BTS Audio-Visuel à Boulogne.

« Je suis logé chez ma grand-mère, la seule autre artiste de la famille : Annie Saumont qui est nouvelliste et a même reçu en 1981 le prix Goncourt de la nouvelle avec « Quelquefois dans les cérémonies ». Bon elle est un peu fantasque, je crois qu’elle n’aime pas trop les gens et elle me dégage au bout d’un an dans un appart de 8 mètres carrés à République. Pas de loyer à payer ça m’arrange bien et en 2002 j’obtiens mon BTS option montage.

Ado

Je commence ma carrière comme Monteur en tant qu’Intermittent du Spectacle sur des docs et des petites fictions, tout en continuant à côté à réaliser des films. Oui en fait depuis la 3e j’ai fait plein de petits courts-métrages avec les moyens du bord et j’ai continué pendant mon BTS.

Mes parents souhaitaient que je passe le Concours de la FEMIS, l’Ecole de Cinéma de Paris. Encore plein d’illusions j’ai préféré croire que « Invisibleue », un court-métrage d’une vingtaine de minutes réalisé juste à la sortie du BTS, allait m’ouvrir des portes et me permettre de monter un projet de long métrage. Echec, des pistes, des contacts avortés avec des boîtes de prod, rien de concret et 2 ans de galère.

Affiche

« Je taffe à cette époque aussi de temps en temps comme accessoiriste de plateau, notamment sur « 13 Tzameti » et j’avoue que c’est un job qui me plait bien et qui me permet de continuer à rêver de cinéma. »

Victor et les débuts dans le Poker

« J’ai commencé à jouer avec mon grand-père aux échecs, au tarot et à la belote. Le Poker c’est à 13 ans lors d’un voyage scolaire en Allemagne: on jouait au Poker fermé avec des centimes.

Et puis en 2006 la vague Poker arrive en France, je découvre le Poker à 2 cartes sur Eurosport. J’ouvre direct un compte sur Yahoo Poker et je me mets à jouer.  C’est une période assez bizarre …. Je suis moins créatif, un peu déprimé, je me raccroche aux tables virtuelles et je raconte tout ça sur un blog : pokervscinema

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Je joue des quantités de MTT, ce jeu me fascine, j’achète les tout premiers numéros de Live Poker et de Card Player et suis passionnément les deux premières saisons des EPT.

Je découvre Club Poker et je suis les coverages de Benjo puis de Kinshu. Je découvre le Live avec les tournois amateurs, mais résolument le Poker m’empêche de créer : c’était ou l’un ou l’autre et finalement j’ai eu la chance de pouvoir combiner les deux plus tard.

Le déclic est venu de la New Team, une officieuse Team de joueurs amateurs qui m’a demandé de faire des petits coverages vidéos des tournois auxquels ils participaient. J’ai fait des parodies d’Olive et Tom avec des sous titres et on a créé un site où les diffuser. J’ai rencontré ceux qui allait devenir peu à peu « ma famille Poker » : Dreamz, Seb Sergent, Léo Willefert, Aly, puis plus tard Roro et Steven.

môme

Un de mes potes du ciné s’intéresse au Poker et a envie de faire un film en suivant un joueur sur un tournoi important du circuit. On rencontre 3 joueurs et le dernier c’est mon Glouby, que j’avais vu pas mal actif sur le CP. Il a gagné un package pour Marrakech et avec mon pote Elie on décide que ce sera notre poulain.

On part tous les trois : première fois que je prends l’avion à 26 ans me suis pas mal rattrapé depuis.  On tourne, Elie réalise moi je prends le son. Bon Gloub bust assez vite, on glandouille pas mal et je me mets à raconter le tournoi sur le CP. Je mets des petits titres, ça a l’air de plaire et moi j’y prends goût… »

Poilu

Le film Cartes sur tables est un peu l’ancêtre de ce que produira par la suite TV. Comme pour Benjo et bien d’autres couvreurs, c’est un appel de Laurent Dumont Mister Webmaster du CP qui sera décisif :

« Laurent me propose un coverage à Wagram  sur un 2000€ et c’est parti. Je trouve mon style : titres, jeux de mots, sous titrage humoristique des photos… Parfois ça passe pas comme avec Pasqualini me disant « mais j’ai jamais dit ça » ou Kalfon qui au départ a pas aimé mon « Flip ou Kalfon » et qui finalement en a fait un Tee Shirt.

Kalfon

Je deviens la doublure de Kinshu le remplaçant dès qu’il ne peut pas faire un coverage et quand il part à Poker Actu, je prends naturellement sa place. Je deviens couvreur officiel du CP, à l’époque on voit les choses en grand : coverage en doublette avec Clovis lui à la vidéo, moi à l’écriture, Comanche pour la déconne. C’est encore la période bénit, on évite de tourner en rond en innovant, trouvant des idées. On fait plein de trucs sympas avec Comanche ….Je vais à Vegas…. On est en 2011 tout allait bien. »

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Tapis Volant l’oeil de pokerStars

TV travaille de manière informelle pour Barrière et c’est à ce moment qu’il est contacté par Balkany lui-même, alors président de PokerStars France. Il veut développer PokerStars Live encore balbutiante et Tapis Volant, il le veut dans son équipe :

« Il était chaud-bouillant et me propose de couvrir les EPT et les évènements PS et de réaliser des vidéos. Assembler mes deux passions Poker et vidéo avec carte blanche ? Feu !!! J’y suis depuis mars 2012 travaillant en toute autonomie, avec des propositions très souvent acceptées et un bon retour de la part de la Communauté. »

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Tapis Volant nous distille donc depuis deux ans ses Oeuvres et ce qui me frappe à chaque fois c’est le regard plein de tendresse et d’empathie qu’il porte sur « ses » joueurs :

« J’ai de très bons rapports en général avec les joueurs, c’est ce qui permet de les filmer dans leur intimité. C’est moi qui ai choisi à chaque fois qui je suivais. Sauf pour Ronan, peut-être mais il était logique de faire un portrait d’un joueur Maison et puis Ronan a un parcours dans lequel je me reconnais.

C’est peut-être le plus lisse de mes films effectivement : Ronan est un garçon sérieux, qui fait attention à son image, à sa carrière, qui sait se vendre et peut être que ça a enlevé de la spontanéité.

Petit Joueur, Live in Deauville ou One Time , j’étais plus dans l’intimité des joueurs, sur des tournages longs, avec des moments très forts et marquants comme avec Fake par exemple où je vivais 100% de ses émotions. C’est un vrai travail de fond et j’en retire une certaine fierté.

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Tu parles de tendresse : oui j’aime les joueurs, même si parfois ça peut me souler d’entendre le énième bad … j’essaye toujours d’être sincère.

Dans Live in Deauville certains propos de Ilan peuvent sembler méprisants pour les autres joueurs, moi je sais que c’est juste qu’il vit son tournoi à fond, qu’il est dedans à 100%. C’est plus facile de filmer un Seb ou un Ilan qui dégage de l’émotion, qu’un joueur plus dans la maîtrise comme Flavien. Elky par exemple, même s’il semble le sujet idéal ce serait difficile : je le connais peu et on filme mieux quand on aime. »

lolL’assiette de Sushis, au saumon bien sûr, est vide et au 2e café il est temps de parler de ce fameux dernier film que vous pourrez visionner ci-dessous :

« C’est un projet hors PS cette fois. J’ai rencontré à l’EPT Londres Alexandre Luneau et Sébastien Sabic, deux joueurs de High Stakes qu’on voit rarement en Live. Ils ont sauté assez vite et Seb m’a demandé si je pouvais filmer sa copine pour une démo artistique.

On sympathise, il me raconte sa vie et c’est un truc de fou, fascinant. Il est chaud pour être filmé, reste à convaincre Alex. Il est d’accord mais cette fois-ci mon projet ne passe pas à PS. Je suis prêt à laisser tomber et puis les 2 me disent : on part à Vegas, on va faire tous les tournois, on veut un bracelet, si tu veux venir… J’ai dit oui rapidement, trop belle occase, auto-production et un mois à Vegas.

Un tournage pas simple : pas plus de 5mn par jour de tournage autorisé au Rio, plein d’endroits où tu n’as pas le droit de filmer, une expérience assez folle de partager des tranches de vie avec deux des meilleurs joueurs du monde … un film d’une heure 25 …. »

Victor n’a pas abandonné ses projets cinématographiques, puisqu’il a notamment réalisé le court-métrage « En bas de l’échelle » en 2009,  et compte bien mener à bien ses projets de films, docs et fictions. Il prépare d’ailleurs un concours pour faire une formation dans une prestigieuse école de cinéma de la capitale. Pas de projet de petite carpette pour le moment avec Madame Volant sa compagne depuis 12 ans, mais comme il le dit : « Il y aura un après Poker » …

Nosebleed : le dernier film de Tapis Volant